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Moselle : «J'ai récupéré ma fille, mais en cendres dans une petite boîte»

20 septembre 2017, 8h30
 

Dolving (Moselle), le 23 mai 2017. Les enquêteurs analysent les lieux où ont été retrouvées Muriel Schroer et sa fille, Alizée, 9 ans.

 

Frédéric Lux avait maintes fois alerté la justice sur l'état psychologique de son ex-femme. En mai dernier, en Moselle, elle avait étouffé leur fille Alizée, 9 ans, avant une tentative de suicide. 

Lundi 22 mai 2017. Il est presque 23 heures, Muriel Schroer, la quarantaine, décide d'en finir. Elle commence par mettre le feu à son petit appartement du village de Dolving (Moselle) avant de fuir dans sa C3 rouge en emportant sa fille Alizée, 9 ans, et leur chat.

 

Quelques kilomètres plus loin, elle s'arrête en pleine nature, égorge le chat, puis étouffe sa fille Alizée avec un coussin avant de se taillader les veines. Dans une lettre retrouvée dans la voiture, Muriel Schroer, qui a survécu à sa tentative de suicide, écrit qu'elle «n'avait plus de ressources, poussée à bout par les vicissitudes de la vie». Sauf que ce portrait d'une femme devant élever seule sa fille est loin de la vérité. Frédéric Lux, le père d'Alizée, dénonce aujourd'hui un «drame programmé».

 

Comment avez-vous appris le drame ?
Frédéric Lux.
J'étais au restaurant avec des amis du côté de Carcassonne (Aude) quand la gendarmerie m'a appelé. J'ai cru qu'ils allaient m'annoncer une bonne nouvelle, que j'allais enfin récupérer ma fille. Mais on me parle d'accident de la route, que Muriel serait à l'hôpital. Je demande : et Alizée ? On ne peut rien me dire par téléphone, il faut que je me rende de toute urgence à la gendarmerie la plus proche. Sur place, on me dit tout de suite que ma fille est décédée. Après, on veut m'expliquer que ce ne serait pas un accident, mais je n'entends plus rien. Je suis sonné. Ma fille unique, ma petite merveille est morte !

 

Vous parlez de «drame programmé» ?
Oui. J'avais tellement alerté sur le fait que mon ex-femme n'allait pas bien psychologiquement et que notre fille était en danger avec elle...

 

Et on ne vous a pas cru ?
Jamais. J'ai prévenu les magistrats, les gendarmes, les policiers, je suis même allé jusqu'à la ministre de la Justice, à l'époque Mme Taubira. Personne n'a bougé ! J'étais face à une justice qui partait du postulat qu'une enfant avec sa mère n'est pas en danger. Que je ne voie pas ma fille et que notre lien se distende n'était pas grave pour eux... Que la mère se marginalise et s'isole pour fuir leurs décisions ne les inquiétait pas.

 

Comment s'est passée la séparation avec Muriel Schroer ?
En décembre 2008, Muriel quitte le domicile conjugal avec Alizée, qui a un an et demi. Elle ne voulait jamais me la laisser en garde et prétextait toujours des imprévus de dernière minute. Je faisais des signalements à chaque fois, sans conséquence. En juin 2010, un jugement est enfin venu régir mon droit de garde. Classique : un week-end sur deux et la moitié des vacances scolaires. Mais cela n'a rien changé. Pis, en novembre 2014, je reçois une convocation du commissariat... Muriel avait déposé plainte contre moi pour viol sur mineur. Elle m'accusait d'avoir violé ma fille ! Heureusement, la police a bien vu que j'étais de bonne foi et la plainte a été rapidement classée sans suite.

 

Est-ce qu'à partir de là, la justice a bougé ?
Pas le moins du monde. La dernière fois que je l'ai vue, c'était en février 2014. Comme à chaque fois, cela se passait bien entre Alizée et moi, mais je la sentais très triste et affectée. Je l'ai signifié. Après, Muriel a commencé la valse des déménagements, fuir Internet, et tout ce qui fait une vie sociale. J'ai définitivement perdu sa trace après 2014, même mes chèques de pension revenaient avec la mention «n'habite plus à l'adresse indiquée». Je prévenais la justice que la situation, au-delà de son caractère intolérable pour moi, devenait de plus en plus dangereuse pour Alizée.

 

Muriel Schroer va être jugée pour assassinat. Qu'attendez-vous aujourd'hui de la justice ?
Rien. J'ai effectivement récupéré ma fille, mais en cendres dans une petite boîte. Je me bats pour que ce drame n'arrive pas à tous les papas en souffrance qui se rendent chaque samedi à la gendarmerie, la boule au ventre, en se doutant que leur ex ne leur apportera pas leur enfant, et qui, quand ils demandent à la justice ce qu'elle va faire de leur dépôt de plainte, ne voient que des épaules se soulever.

 

Le Parisien

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