Les papas sans Ils ont les yeux couleur de pluie Les papas sans Sans leurs enfants Silhouettes d'ombre et de nuit Le front plissé Le pas lassé Ils errent tristes et plein d'ennui Tourne tourne le carrousel Chevaux de bois Chariot de rois Manège que tu es cruel Pour les papas Papas parias Dans ton va-et-vient naturel Quand la ville ferme ses portes Rideau de fer Pavé désert Le dernier taxi les emporte Fous de douleur À contrecœur Vers leur maison à l'âme morte Ils jettent un regard dans la chambre Trop bien rangée Aseptisée Noire de janvier à décembre Sans souvenir Sans avenir Des lois ils n'ont rien à attendre Parfois la fureur gronde en eux Plein de colère L'œil de vipère Dans un bouillonnement haineux Ils craquent ils claquent Ils pètent un câble Le monde est trop moche pour eux Ils mettent leur vie en danger Grimpent partout Ecoutez-nous Les petits d'homme sont piégés Parfaites mères Victimes de lourds préjugés Enfer des pères Le combat ne cesse jamais Vieille bataille Où est la faille Pour rendre le père imparfait Briser le lien Qui le retient Ils écopent de faux procès S'ils obtiennent le droit d'aimer Permis en poche Bonheur tout proche Ils roulent foncent enthousiasmés Vers leurs petits Mais utopie Ils trouvent la porte fermée On les regarde de travers Quand ils résistent Quand ils exigent Le droit d'aimer se paie très cher Le droit sans droit Enfer des pères Le choix sans choix Le combat devient un enfer Les plus combatifs entrent en guerre Papas soudés Dossiers blindés Ils remplissent tous les critères Irréprochables Inattaquables Sauf celui d'être supers-pères Et les petits des papas sans ? Ils imaginent Idéalisent Le père aimé toujours absent Ils sont brisés Désemparés Par malheur ils paient de leur sang. Sylvie Hippolyte

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